Souvent incompréhensibles et difficilement répressibles
TIC : Trouble Involontaire Compulsif, ce sont des mouvements involontaires et inattendus.
Ils apparaissent fréquemment entre 5 et 7 ans et répondent à une sensation de tension interne.
Ils se manifestent généralement lors de perturbations passagères comme l’arrivée d’un bébé, le passage à la maternelle, le décès d’un proche, un stress ou un déménagement.
Ces gestes inconscients permettent de décharger les tensions et de retrouver le calme et l’attention.
Un problème de maturité neuronale dans certaines régions du cerveau à cet âge pourrait expliquer leur disparition à l’âge adulte.
Les TICs peuvent aussi être transmis par un autre enfant, un frère, une sœur ou un parent par mimétisme.
Les signes ?
Le plus souvent, on les observe au niveau du visage (mouvements des yeux, rictus de la bouche, mouvement ou hochement de tête ou des épaules) mais peuvent se manifester également par des vocalisations (répétition de syllabes, raclement de gorge, reniflement…), une répétition de geste d’autrui (chopraxie), ou faire des gestes obscènes (copropraxie).
A savoir : Les jeunes garçons entre 4 et 8 ans sont plus à risque de développer des TICs, avec une sévérité maximale entre 8 et 12 ans et une rémission complète chez la moitié des adultes.
Contrairement aux TOCs, les TICs n’ont pas de rapport avec une compulsion ou une pensée obsédante et leur durée est bien souvent passagère.
Ils disparaissent après quelque temps spontanément.
S’ils persistent au-delà d’un an, sont accompagnés de balancements ou d’hyperactivité, il faudra consulter un médecin (médecin traitant, pédiatre, neurologue ou psychiatre).
Prise en charge :
On n’agira pas nécessairement « directement » sur les TICs car se focaliser dessus pourrait entretenir leur réalisation ; on proposera plutôt des activités favorisant le « lâcher prise » (jeux, exercices sportifs) associées à des temps de relaxation et de verbalisation.
Une fois les tensions internes apaisées, la fréquence des TICs sera régulée.
A noter qu’un soutien psychologique est souvent utile.
Une balle anti-stress pourra aussi aider l’enfant.
Dans certaines situations de TICs invalidants, un traitement médicamenteux pourra est proposé (ex : Clonidine).
Des remèdes naturels ?
Même si on écarte les excitants (thé, café) et qu’on privilégie les techniques de relaxation (la méditation, la sophrologie), une activité sportive comme la marche, la natation, le vélo, la danse.
On peut proposer certaines plantes comme l’aubépine, la ballote, la passiflore, ou la valériane, ou encore l’homéopathie (Gelsenium ou Ignatia).
Proches, comment réagir ?
Patience et silence seront les maitres-mots. Ne pas punir l’enfant, ni mentionner ses TICs et ne pas lui demander d’arrêter car souvent il ne s’en rend pas compte !
Essayer plutôt de nouer le dialogue et l’encourager à exprimer ses émotions et à les exprimer autrement (dessin, peinture, chant, sport).
Les TOC : Trouble Obsessionnel-Compulsif, ce sont des compulsions ou actions mentales répétitives à point de départ obsédant.
Les signes ?
Ils se caractérisent par l’apparition d’idées répétées et obsédantes (pensées, images, impulsions, doutes…) non désirées et anxiogènes, que la personne va chercher à réprimer en luttant.
Pour régler cette anxiété, les personnes vont effectuer des gestes ou actes mentaux répétés.
Exemples : La propreté (se laver les mains sans cesse), l’ordre (aligner tous les objets), la symétrie (enfoncer tous les boutons de four), la peur de faire une erreur (vérifier plusieurs fois le contenu de son cartable ou que les portes sont bien fermées pour un enfant) ou de commettre un acte violent ou agressif envers autrui.
Tant que le rituel conjuratoire n’est pas réalisé, la personne va répéter l’action jusqu’à se sentir apaisée.
Les TOCs touchent 1 à 3% de la population, dans un quart des cas avant l’âge de 14 ans, plus de la moitié vers 25 ans et le reste après 35 ans.
Les troubles précoces semblent plus fréquents chez le garçon et 1/3 des patients qui présents des TOCs ont présenté des TICs !
Rassurons-nous, nous présentons tous des TOCs.
Seul 1 adulte sur 60 présentera des signes intenses justifiant d’une prise en charge psychiatrique (avec notamment la nécessité prescription à base de médicaments antidépresseurs, anxiolytiques voire des anti-psychotiques ou du méthylphénidrate – Ritaline©).
Certains experts évoquent une composante génétique et/ou héréditaire.
Le diagnostic de TOC est clinique, il est réalisé par un psychologue, un médecin généraliste ou un psychiatre.
Une évaluation des symptômes de la dépression et de l’anxiété est proposée en complément d’une évaluation psychiatrique globale (30% des personnes atteintes de Troubles du Spectre de l’Autisme – TSA- présentent un TOC associé).
Prise en charge :
Les TOCs ne régressent pas seuls et dans certains cas, la Névrose Obsessionnelle qui complique les TOC peut devenir si présente que le patient consultera de lui-même.
Les traitements en réduiront les symptômes et amélioreront le quotidien, mais seuls 20% sont en rémission après plusieurs années de prise en charge.
Une équipe médicale se chargera de la prescription (l’utilisation d’inhibiteurs de la recapture de la sérotonine (IRS) comme l’escitalopram, la fluoxétine, la sertraline…) en collaboration avec d’autres professionnels (psychomotricien, thérapies comportementales et cognitives avec verbalisation, stratégies anxiolytiques, et relaxation, surtout pour les enfants).
Les progrès en imagerie médicale ont permis le développement d’autres solutions thérapeutiques pour traiter les cas les plus sévères :
– la stimulation cérébrale profonde : implantation d’électrodes de stimulation électrique dans des régions très précises du cerveau qui modifient les circuits cérébraux clés impliqués dans les TOC.
– la chirurgie dite lésionnelle : Avec des rayons gamma, on lèse légèrement une zone du cerveau impliquée dans le TOC, sans ouvrir la boîte crânienne. Plus de la moitié des patients sont répondants.
– l’optogénétique : Après avoir identifié des neurones, on les modifie pour leur faire exprimer des protéines sensibles à la lumière, appelées opsines. Grâce à cette sensibilité accrue des cellules neuronales à la lumière, il devient possible de contrôler leur activité en les excitants ou au contraire en les inhibant via un simple faisceau lumineux.
Ces techniques délicates montrent un rapport bénéfice/risque inégal.
En conclusion, les TICs et les TOCs évoluent différemment chez chaque personne.
Les facteurs environnementaux tels que le stress, la fatigue, le manque de sommeil, le degré d’émotivité, l’ennui… peuvent majorer leurs symptômes.
Les thérapies à orientation cognitivo-comportementale présentent actuellement un niveau de preuve encourageant
Article rédigé par Laurence Nahmani-Charbit (Dr en pharmacie)