Le diabète sucré est défini par l’augmentation du taux de sucre dans le sang. Indispensable à la vie, le sucre devient toxique pour le corps lorsque son taux dépasse un certain seuil. Quand la glycémie à jeun dépasse 1,26 g/l, on parle d’hyperglycémie voire de diabète.
Depuis une vingtaine d’années, nous disposons d’un autre outil biologique pour mesurer le diabète : l’hémoglobine glyquée ou Hb A1c. Il s’agit d’une partie de notre hémoglobine qui se lie chimiquement avec le sucre quand la glycémie dépasse 2 g/l. Plus elle est augmentée et plus le diabète est déséquilibré.
Le taux d’une personne normale ne dépasse pas les 6%. Les diabétiques bien équilibrés ont un taux compris entre 6 et 7%. Au-delà de 7%, une adaptation du traitement est nécessaire.
Il existe trois grands types de diabète
- le diabète insulino-dépendant ou diabète de type 1,
- le diabète non insulino-dépendant ou diabète de type 2
- et le diabète gestationnel survenant pendant la grossesse. (On n’abordera pas les diabètes iatrogènes ou induits par les tumeurs ainsi que les formes rares).
L’insuline que produit notre pancréas est l’hormone de régulation du sucre dans notre organisme. Elle est hypoglycémiante, c’est-à-dire qu’elle fait entrer le sucre du sang dans nos cellules.
Le diabète insulino-dépendant
Maladie de survenue précoce le plus souvent (enfant, adolescent et adulte jeune mais pouvant se déclarer à n’importe quel âge), le DID ne concerne que 6% des diabétiques. Il s’agit d’une maladie auto-immune où le propre système immunitaire d’un patient va détruire les lieux de production de l’insuline (cellules bêta des îlots de Langerhans du pancréas). La présence d’anticorps spécifiques dans le sang permet d’en témoigner (anticorps anti-îlots (ICA) ; anticorps anti-GAD ; anticorps anti-IA2 ; anticorps anti-insuline).
Les diabétiques de type 1 doivent sans cesse veiller à leur équilibre alimentaire et s’injecter de l’insuline plusieurs fois par jour tout au long de leur vie.
Généralement habitués depuis l’enfance, ces diabétiques sont souvent autonomes dans la gestion de leur maladie. Ils adaptent leur dose d’insuline et leur alimentation en fonction des évènements de leur vie : activités physiques, émotions fortes, horaires de réveil et de coucher, maladies intercurrentes, etc.
En Nutrition, ces patients sont soumis à un régime très strict qu’ils gèrent depuis l’enfance. Obligation leur est donnée de n’y déroger qu’occasionnellement et avec adaptation immédiate des doses d’insuline.
La toxicité de ce diabète se fait à long terme mais c’est au quotidien qu’on se protège. La mesure pluriquotidienne du taux de glycémie pré et post-prandiale dirige les variations de doses.
Une alimentation très équilibrée et très pauvre en hydrates de carbone (sucres simples et complexes) compose la base de leur nutrition.
Le diabète non-insulino-dépendant
Représentant plus de 90% des cas de diabète, cette maladie touche près de 500 millions de personnes dans le monde. Il s’agit d’une insulino-résistance. La production d’insuline est conservée mais l’organisme de ces patients refuse d’intégrer le sucre.
Observée chez des patients en surpoids ou obèses, l’activité physique trop réduite ne permet pas aux cellules musculaires d’utiliser les apports en sucre. Les muscles « résistent » donc aux effets de l’insuline en n’absorbant pas le sucre circulant. Une part génétique et microbiotique participeraient à la genèse de ce phénomène même si le sport reste la meilleure parade contre cette maladie.
De nombreux médicaments par voie orale existent pour soigner cette affection mais il faut parfois ajouter une dose d’insuline quand les traitements per os ne suffisent pas. On parle alors de Diabète Insulino-Nécessitant (ou Insulino-Requérant). Une gamme de traitements injectables hebdomadaires s’ajoute désormais aux stratégies thérapeutiques (Ozempic, Trulicity, Victoza…).
Le traitement Nutritionnel porte autant sur le diabète que sur le surpoids.
Il ne s’agit pas de réduire les doses de sucres ingérés mais bien de repenser globalement le régime alimentaire de ces patients en déséquilibre total. Activité physique, médicaments et l’alimentation doivent se combiner.
On proposera un régime normocalorique afin de ne pas effrayer ces gros mangeurs par des mesures trop drastiques. D’autant plus qu’ils consomment bien souvent des quantités très supérieures aux doses normales. Réduction des graisses, des sucres et des protéines mais augmentation des légumes et conservation de petites doses de féculents pour éviter les fringales et maintenir un bol alimentaire suffisant pour assurer une satiété après chaque repas. Des collations de fruits en milieu de matinée et d’après-midi aideront à gérer les ingesta au repas. On conseillera un allègement des dîners et une hydratation régulière.
La mortalité du DNID se superpose à celle des patients aux facteurs de risque cardio-vasculaire. Une prise en charge globale, nutritionnelle et pluri spécialisée, permet de gérer les deux types de risques qui sont étroitement intriqués.
Le diabète gestationnel
Survenant au cours de la grossesse, le diabète gestationnel représente un risque pour la mère comme pour l’enfant. En France, près de 10% des grossesses sont concernées par ce dérèglement glucidique. Son dépistage se fait par des prises de sang tout au long de la grossesse.
Son traitement repose sur 4 axes :
- Nutrition :
- Apport calorique quotidien de 30 à 35 kcal/kg de poids chez la femme de poids normal (25 kcal/kg de poids chez la femme en surpoids ou obèse).
- Avec fractionnement de l’alimentation en trois repas et deux à trois collations.
- Sans restriction protéique mais avec limitation des Glucides.
- Activité Physique modérée et régulière (30 minutes trois à cinq fois par semaine).
- Auto-surveillance glycémique (4 à 6 fois par jour).
- Insuline, en cas d’échecs aux deux premières mesures.
En conclusion
Part fondamentale de la prise en charge des diabétiques, la Nutrition joue tout son rôle dans cette maladie métabolique. En incitant et en sensibilisant plutôt qu’en imposant, la compréhension, la gestion de la faim et le contrôle éclairé des ingesta restent indispensables à un bon suivi.
Article écrit par le Dr Alexandre HADDAD