Manger selon notre instinct, manger cru ou seulement liquide, jeûner longtemps, intolérance à tel ou tel aliment, tout est bon pour nous faire mincir…

Les régimes des nouveaux charlatans

Crudivorisme, jeûne extrême et pranisme, respirianisme, instinctothérapie, restrictions protéiques et glucidiques, les nouveaux gourous utilisent l’alimentation comme arme sectaire.

Ne manger que des aliments crus ! C’est le crédo des crudivoristes qui estiment que cuire les aliments constitue le péché originel. 

Ils consomment des jus verts aux vertus soi-disant « magiques » et des végétaux « vivants » mangés crus. 

Entrer en contact avec la nature, le plus souvent pieds nus, les rapprocherait d’une plénitude mystique qui guérit tous les maux. 

Le pranisme consiste à jeûner pendant plusieurs semaines, soit le plus longtemps possible, et se nourrir de prana, de soi-disant infimes particules divines qui nous entourent. 

Également appelé, respirianisme ou inédie, cette croyance interdit toute consommation même liquide pendant de très longues durées. Certains prétendent pouvoir se nourrir de lumière…

Dans le même genre, l’instinctothérapie s’appuie sur notre prétendue capacité à détecter les aliments dans notre environnement qui sont propres à la consommation. 

Notre patrimoine génétique et nos sens nous permettraient de faire les bons choix dans la nature pour s’alimenter correctement. Plus la peine de consulter les fiches sur les champignons vénéneux…

Vous l’avez compris, les sectes utilisent l’alimentation à leurs fins de manipulation. 

Les gourous de pacotille savent que leurs proies sont plus vulnérables quand elles sont diminuées par des carences alimentaires. 

Les réseaux sociaux représentent une véritable aubaine pour leur recrutement. 

Nombre de vidéos y circulent comme « preuves » du bien-fondé de ces pratiques. Témoignages, expériences, ventes de jus de poireaux magiques, propositions de stages de transition alimentaire et autres formations de jeûnes thérapeutiques attirent les gogos déçus de la médecine classique. 

Le végétarisme devenant commun, les limites sont repoussées pour attirer le chaland. 

Des centaines de milliers d’internautes se laissent appâter par ces prétendus récits miracles où les maladies les plus terribles sont terrassées. Cancers, diabète, hépatites ou pancréatite, le désespoir des malades sert de terreau à des pratiques sectaires et commerciales.

On citera, par exemple, Thierry Casanovas qui attire toujours plus d’amateurs en prétendant dans ses vidéos avoir guéri de ses nombreuses pathologies (hépatite, tuberculose, pancréatite) et de son ancienne toxicomanie, en adoptant un régime crudivore, majoritairement composé de jus verts. 

Évidemment, on peut acheter sur son site web des distillateurs d’eau, des mélanges de plantes ou des extracteurs de jus, à des prix bien plus élevés que la norme. 

Cela fonctionne-t-il ? 

Ceux qui souffraient de Goutte ou de Diabète et qui ont assaini leur alimentation en supprimant aliments trop riches et produits industriels ont forcément amélioré leur santé. 

Néanmoins, se priver de médicaments et supprimer les protéines constitue un double danger qui nuira immanquablement à ceux qui souffrent de pathologies diverses.

Il n’y a aucune preuve scientifique d’un intérêt pour la santé du jeûne intermittent, des restrictions protéiques et glucidiques, du respirianisme ou du crudivorisme. 

Un régime exclusif risque de provoquer une sévère dénutrition.

La Nutrition nécessite une approche saine et médicale de l’alimentation. 

Avant de vous lancer dans un régime particulier, demandez l’avis de votre médecin ou de votre diététicien. 

Et restez vigilants en cas de changement alimentaire brutal dans votre entourage, car si 100% des végétariens ne sont pas dans des mouvements sectaires, 100% des gens dans une mouvance sectaire liée à l’alimentation ont été végétariens. 

Les interdictions alimentaires des nouveaux charlatans

Les intolérances alimentaires sont à la mode. Les articles dans la presse grand public sont légion et certains essayent de mettre sur ce compte la quasi-totalité des maux corporels. 

Les douleurs abdominales, en particulier celles de la colopathie fonctionnelle (On peut mettre la réf du numéro Labriout), incitent ceux qui en souffrent à rechercher un coupable alimentaire.

Prônés par certains, des tests sanguins dosent les IgG dirigés contre les aliments. 

Ces tests ne sont pas remboursés mais certains laboratoires français proposent de les réaliser sans prescription médicale (entre 200 € et 450 € pour la batterie de tests).

Que valent-ils ? 

La réponse est simple : Rien. 

Aucune étude fiable n’a permis de reconnaître un quelconque intérêt à ces tests. 

Les allergologues, les nutritionnistes et les biologistes (honnêtes) s’accordent pour s’opposer à la réalisation de ces analyses.

En effet, l’intolérance alimentaire n’a rien à voir avec le dosage des Anticorps. 

Dans la majorité des cas, la production d’IgG anti-aliments est physiologique. La réponse immunitaire ne correspond pas à nos intolérances alimentaires.

Alors, pourquoi l’éviction de certains aliments fortement positifs lors de ces dosages permet une amélioration des troubles ? 

Exclure le lait, le gluten ou le blé correspond à exclure des aliments riches en saccharides difficiles à digérer (les fameux FODMAPs). 

Cette amélioration ne signe en rien une maladie cœliaque ou une intolérance aux protéines du lait de vache. 

Pour rechercher une maladie de ce genre avec précision, votre médecin sera plus efficace que les recherches sur Internet. 

(Par exemple, la maladie cœliaque se détecte par une recherche d’Anticorps anti-transglutaminase. )

Il ne s’agit pas de minimiser la gêne et les douleurs des patients sensibles qui vivent leur état au quotidien comme une véritable punitions mais plutôt leur trouver de vraies solutions. 

Rien de mieux qu’un bon interrogatoire, des tests biologiques validés et des conseils alimentaires pour soulager les colons sensibles. 

Un nouvel espoir

Après les échecs de nombre de médicaments anti-obésité dont certains, comme le Mediator ou l’Acomplia, ont connu des effets secondaires dramatiques, un nouveau produit vient d’obtenir une Autorisation de Mise sur le Marché en France. 

Le LIRAGLUTIDE, anti-diabétique de dernière génération, peut désormais être utilisé pour aider à la perte de poids. 

Il s’agit d’une solution injectable en sous-cutané présenté sous forme de stylo prérempli. 

Il est indiqué dans un contexte d’obésité (IMC>30) ou de surpoids accompagné d’un facteur de comorbidité (Diabète, Syndrome d’apnée du sommeil, HTA, etc…) et doit impérativement être associé à un régime hypocalorique et à une augmentation de l’activité physique.

Le traitement doit être progressif et sera interrompu après 12 semaines si les patients n’ont pas perdu au moins 5 % de leur poids initial.

Attention, l’utilisation de SAXENDA n’est pas recommandée pour certains patients et doit être prudente chez les patients diabétiques traités par insuline ou sulfamide hypoglycémiant.

Un risque de déshydratation et d’hypoglycémie impose une surveillance stricte. 

Bien qu’il soit encore bien tôt pour se faire une idée des résultats à attendre de ce traitement, Le recul de ce produit sorti en 2009 semble suffisant pour ne pas redouter d’effet secondaire inconnu. 

On saluera donc la venue d’une nouvelle arme dans l’arsenal thérapeutique contre l’obésité tout en insistant sur la nécessité d’une surveillance nutritionnelle et médicale pluridisciplinaire de ces patients aux risques multiples.