Nous sommes instinctivement attirés ou repoussés par certaines personnes. La cause ? Nos phéromones, fameuses molécules volatiles qui régissent notre comportement sexuel et nos attirances.
Controversées ou confirmées selon les études, nos phéromones interrogent les scientifiques.
Que sont-elles ?
Dans le règne animal, ce sont des molécules chimiques invisibles et volatiles, des hormones émises par des individus de même espèce qu’ils s’échangent comme des signaux non odorants mais perceptibles, induisant un comportement particulier chez l’autre, et influençant notamment le comportement sexuel et la reproduction.
Chez les animaux : les phéromones sont détectées par l’OVN (organe voméronasal) situé à la base des narines.
Lorsqu’une femelle sanglier qui ovule est exposée à une phéromone de la salive d’un sanglier mâle, elle se fige immédiatement dans une posture d’accouplement en écartant les pattes… Idem pour le papillon qui reconnaît le bon partenaire à des kilomètres de distance.
Les phéromones sont donc capables de modifier le comportement du sexe opposé : attirer les femelles, inhiber les capacités sexuelles des autres mâles… Grâce à elles, une souris mâle peut même « provoquer » l’avortement d’une femelle fécondée par un autre mâle, explique le magazine Science et Vie.
Comment fonctionnent les phéromones ?
Nos hormones (adrénaline, sérotonine etc.) fonctionnent en « circuit fermé » et restent dans l’organisme, tandis que les phéromones fonctionnent en circuit ouvert, elles sortent du corps grâce au souffle (elles sont expirées) ou aux sécrétions (sueur, sperme).
Ces messagers chimiques ne se fixent pas sur les récepteurs olfactifs du nez, mais sur ceux d’un organe très spécial, dit OVN (organe voméronasal), situé à la base des narines, appelé aussi « l’autre nez » qui transmet par des neurones des signaux au bulbe olfactif, puis à l’hypothalamus (impliqué dans la sécrétion des hormones sexuelles).
Mais nous, hommes et femmes, sommes-nous soumis à leur pouvoir ?
Chez les humains, l’OVN existe. Il y a toujours débat pour savoir s’il est, ou non, fonctionnel mais la célèbre biologiste Linda Buck, prix Nobel de médecine (2004) connue pour son travail sur le système olfactif, affirme que Oui !
Chez les humains, les effets des phéromones sont néanmoins moindres que chez les animaux, le cerveau des Homo sapiens que nous sommes possède la capacité de traiter l’information des phéromones, mais leur impact sur le comportement sexuel est résiduel ; en résumé, il a bien d’autres choses à gérer, comme le langage, le raisonnement, les émotions, etc.
Pourtant, lors de la vie embryonnaire, notre « second nez » (l’OVN, vu plus haut) fonctionne mais ses neurones régressent et à l’âge adulte où il ne nous resterait que des vestiges de cet organe ancestral, l’évolution ayant laissé de côté notre instinct.
Quels sont les effets des phéromones sur le sexe et l’amour ?
Attraction sexuelle
Le moment de l’ovulation chez les femmes serait perceptible chez les hommes, ce qui induirait une augmentation du taux de testostérone. La réciproque est vraie. Si on pulvérise sur un siège de salle d’attente une hormone mâle sous forme de sueur, les femmes sont davantage attirées par ce siège tandis que les hommes, eux l’évitent ! La phéromone en question, située sous les aisselles des hommes, porte le nom chimique de « androstadiénone », elle est produite par les glandes sudoripares des aisselles des hommes.
Flairée par les femmes, elle activerait leur hypothalamus pour les attirer. Notre nez ne serait pas si archaïque que ça !
Choix du partenaire
Les phéromones seraient une aide au repérage génétique d’un partenaire. En génétique, s’agissant de phéromones, les contraires s’attirent car il s’agit de s’accoupler et de procréer au sein de la même espèce par quelqu’un d’éloigné génétiquement et qui possède des qualités opposées aux nôtres pour favoriser le brassage de gènes, améliorer l’espèce et faire des enfants robustes…on est bien loin des mariages consanguins et familiaux dictés il y a quelques générations.
Modification du cycle menstruel
Les phéromones des hommes seraient capables de modifier les cycles menstruels des femmes. C’est ce que l’on appelle le syndrome du pensionnat ou synchronisation menstruelle.
Une expérience décriée mais menée par McClintock et Stern et par des chercheuses de l’université de Chicago a montré que les composés prélevés sous les aisselles de jeunes femmes à différents moments du mois peuvent modifier la durée des cycles menstruels d’autres femmes.
De là à exploiter le pouvoir des phéromones dans le traitement pour la fertilité et la contraception, il n’y aurait qu’un pas !
Notons que la pilule altèrerait notre perception de ces messages chimiques, ce qui confirmerait le lien entre eux et notre système de reproduction, mais aussi leur rôle sur le désir, le choix de partenaire et peut-être sur la reproduction et la fertilité.
A ce point, précise Linda Buck, que la dissimulation constante de ces signaux sociaux en sueur (par les douches, les déodorants…) explique une partie de la solitude ou dépression dans la société moderne… à méditer !
Du coup, pour rendre amoureux, on peut fabriquer des phéromones ?
Même si on ne nie pas l’existence des phéromones et de leur influence sur le comportement sexuel, on l’aura compris, notre cerveau super évolué ne s’en contente pas !
À la chimie, s’ajoutent donc l’alchimie et un tas d’autres trucs (mode, beauté, style, etc.). Ainsi le désir et l’amour gardent toute leur part de magie !
Donc, chez les humains, il n’y a pas une substance miracle pour rendre amoureux.
Ne vous laissez pas berner par des parfums prometteurs dits aux phéromones, même si certaines senteurs sont effectivement attirantes (comme le musc, par exemple, matière première animale odorante, secrétée par la glande préputiale abdominale des chevrotains mâles d’Asie qui entre dans la composition de parfums).
Et la fameuse KissPeptine alors ?
La kisspeptine, ou métastine est un neuropeptide (une hormone, connue depuis 2005) codé par le gène KISS1 qui est situé sur le chromosome 1 humain. Dans le cerveau, la kisspeptine est le chef d’orchestre des circuits qui stimulent le comportement sexuel et l’attachement au partenaire.
Déclenchant à la fois la puberté, l’ovulation chez la femme, la production d’hormones sexuelles chez hommes et femmes, de testostérone chez l’homme et le plaisir. En médecine, elle intéresse pour les traitements contre l’infertilité mais sa durée (demi-vie) est courte et sa mise en œuvre compliquée.
Alors, phéromone ou pas, amour ou attirance ?
Méditons sur la réflexion de cet auteur anonyme : « Quand on aime quelqu’un pour son physique, ce n’est pas de l’amour, mais de l’attirance. Quand on aime quelqu’un pour son intelligence, ce n’est pas de l’amour, mais de l’admiration.
Quand on aime quelqu’un pour son argent, ce n’est pas de l’amour, mais du profit. Quand on aime quelqu’un sans savoir pourquoi, là c’est de l’Amour ! »
Article écrit par Julie TIMSIT