La ménopause, source de souffrance ou de renaissance ? Elle se caractérise par l’arrêt de l’activité des ovaires chez la femme et inclut l’arrêt définitif des règles et de la fertilité. Parfois redoutée et perçue comme une triste fin, certaines la vivent pourtant comme une libération avec un réel enthousiasme.
La fin des hormones… pas la fin du monde !
Ça commence quand ?
51 ans, c’est l’âge moyen auquel survient la ménopause. 1 à 2 % de femmes en feront l’expérience avant 40 ans. Des traitements médicamenteux, médicaux ou une hérédité familiale peuvent accélérer sa venue en affectant la réserve ovarienne. Les maladies auto-immunes, le diabète, le tabac peuvent aussi l’accélérer. Dans de rares cas, la ménopause s’annonce après 55 ans.
Symptômes
Pas de fatalité, certaines femmes ressentent peu ou pas les symptômes décrits.Pour celles qui les ressentent, ils peuvent durer de quelques mois jusqu’à 3 à 5 ans (rarement jusqu’à 10 ans). Les principales manifestations décrites sont l’appréhension des bouffées de chaleur (84%) associées aux sueurs nocturnes générant des troubles du sommeil et impactant l’humeur, la prise de poids (63%), la sensation de vieillir (36%), la perte de libido (36%) avec douleurs lors des rapports associées à une sècheresse vaginale, voire une humeur dépressive.
On décrit aussi des douleurs articulaires, une frilosité, un risque d’ostéoporose. Ces symptômes peuvent prédisposer à certaines maladies, notamment cardio-vasculaires.
En cause ?
L’arrêt de la sécrétion de deux hormones sexuelles (oestrogènes et progestérone) par les ovaires, essentielles à la santé des femmes.En 2 phases : la périménopause, où les symptômes décrits peuvent apparaitre, qui dure 4 à 8 ans), les cycles sont irréguliers, les seins douloureux, les saignements abondants. Puis la ménopause : définie cliniquement comme l’arrêt des règles sur 12 mois consécutifs.
Soulager les symptômes
Etonnant ? Les femmes asiatiques ne décrivent quasiment pas de symptômes lors de leur ménopause ; discrétion culturelle, consommation de soja (contenant des phyto-estrogènes), ou affaire de génétique, les recherches continuent…
Une alimentation équilibrée est impérative dès l’apparition de signes de pré-ménopause, l’accumulation des écarts pouvant induire plus facilement une prise de poids, notamment avec accumulation de la masse grasse au niveau du ventre.
Pas d’impasse non plus sur une activité sportive régulière pour conserver une masse musculaire et une silhouette dessinée.
Sur le plan intime, on recommande un rythme de relations sexuelles afin d’entretenir la trophicité de cette région. Quelques médicaments locaux (crèmes, ovules) pourront favoriser le confort de vie sexuelle. Un lubrifiant, notamment à base d’acide hyaluronique peut aussi remédier à une sécheresse vaginale.
Contre les symptômes généraux (bouffées de chaleur, notamment), seuls les traitements hormonaux de substitution (THS) seront prescrits au cas par cas pour soulager, bien que largement controversés. Administrés sous forme de gel, patch ou par comprimés, ils seront réévalués chaque année.
Les traitements alternatifs comme la médecine traditionnelle chinoise, l’acupuncture, l’aromathérapie, la phytothérapie mais aussi l’hypnose ou la méditation ont aussi leurs adeptes.
La fin des règles et le début de nouvelles règles… de vie
Finie l’omerta autour de ce que nos aïeux appelaient le «retour d’âge»
Certaines femmes se sont construites depuis l’enfance en liant leur identité féminine à leur fécondité, ou encore n’ont jamais souffert de douleurs menstruelles, ont eu des cycles légers, discrets. Pour elles, la ménopause rimera avec anxiété et déstabilisation voire dévalorisation. Ce d’autant plus que parfois, l’heure de la ménopause coïncide avec le départ des enfants de la maison, renforçant cette sensation de « nid vide ».
Une libération pour certaines ?
D’autres femmes au contraire, ne vivent pas ce passage comme un drame, loin de là, elles le vivront comme une véritable libération.
Libérées de contraintes liées à des règles douloureuses, de syndrome prémenstruel, de cycles abondants (limitant la pratique d’activités sportives et générant douleurs, irritabilité et fatigue), elles ne se sentent plus « indisposées » puisque c’est le terme désigné quand on a ses règles.
Fin de fertilité rime alors avec libération du désir, de la procréation et de la gestion de contraception.
Elles se redécouvrent une identité, plus personnelle, source d’assurance, nouvelle et en profitent pour s’épanouir pleinement dans leur nouvelle féminité. Leur humeur est plus stable, leur vie professionnelle, affective voire sexuelle y gagne ! Moins axées sur l’apparence, la ménopause est aussi l’occasion de moins se centrer sur des valeurs physiques et d’échapper aux dictats des stéréotypes de la séduction. Un véritable soulagement parfois décrit. Etre moins « objet de désir » pour « être » davantage soi-même et naturelle. Place aux désirs personnels !
Historiquement
La « cessation des menstruations » intéresse depuis le début du 19ième siècle, elle devient un problème de santé et une maladie carentielle qui prive les femmes de leur féminité. On l’évoque clairement comme une transformation associant régression, dysfonctionnement et disqualifiant au regard d’une femme à la pleine activité reproductrice… sympa.
Culturellement : dans la culture amérindienne ou africaine, la ménopause est associée à l’accroissement des pouvoirs chez la femme ; dans d’autres cultures, la femme ménopausée est considérée comme une sorcière tandis qu’au Japon, le mot existe depuis peu, la fertilité n’étant pas liée à l’enfantement mais à l’éducation des enfants.
Guide de survie aux maris de femmes ménopausées
Le regard des hommes sur la ménopause est variable. Informez-vous sur le sujet, ses symptômes pour développer l’empathie nécessaire s’ils venaient à durer. Ouvrez le dialogue pour avancer ensemble vers cette nouvelle phase de vie commune. Enfin, ne vous sentez pas personnellement visé par le manque d’appétit sexuel de votre compagne en développant des relations intimes qui ne soient pas axées uniquement sur la performance de la sexualité.
Pour ceux dont les femmes vivent cette période avec libération…
Have Fun !
Article écrit par Laurence NAHMANI-CHARBIT avec l’aimable relecture du Dr Eva DEDDOUCH gynécologue, obstétricienne, échographe